USB-C, toujours dans la fleur de l’âge
D’aucuns jurent qu’on lui voit déjà les premières rides. Faux ! Depuis l’arrivée d’USB4 v2.0, notre petit connecteur ovale crache 80 Gb/s en mode tranquille et grimpe jusqu’à 120 Gb/s quand on passe la seconde asymétrique – grosso modo : on ouvre les vannes dans un sens, on les laisse au goutte-à-goutte dans l’autre. L’USB-IF vient en plus de dégainer de nouveaux logos hyper lisibles pour afficher la couleur sans prise de tête : vitesse en gros chiffres et wattage en gras. Fini les « Gen 2×2 » incompréhensibles, merci, au revoir !
80, 120… et les 240 W qui chauffent
Et côté jus ? Grâce à USB Power Delivery 3.1, le connecteur envoie désormais 240 W maxi. De quoi nourrir un PC joueur, un écran 4K HDR qui suce l’énergie comme une dragée, voire certains mini-PC sans transfo. Evidemment, qui dit wattage XXL dit dissipation thermique : au-delà de 100 W, mieux vaut un câble E-Marker costaud, sous peine de sentir l’odeur de plastique rôti dans le salon.
Les nouveaux murs qui se dressent
Longueur de câble, l’ennemi sournois
Plus on pousse les bits, plus le cuivre pleure. À 80 Gb/s, la spec recommande 0,8 m pour un câble passif, 2 m s’il est actif (avec puce Redriver) – au-delà, patatras : paquets paumés, écran noir, rage intérieure.
Confusion marketing : logos, mode d’emploi
L’USB-IF l’a reconnu : l’écosystème est devenu un marécage de noms barbares. Les pictos fraîchement présentés – un « 40 Gb/s » ici, un « 240 W » là – visent à rassurer mamie et à éviter au pro de la vidéo de se tromper de câble en tournage. Les premiers PC Dell estampillés selon ce nouveau code devraient pointer cet été.
L’Union européenne tape du poing (et impose le connecteur unique)
Depuis 28 décembre 2024, toute bricole électronique mise en vente dans l’UE – smartphone, tablette, écouteurs, liseuse – doit embarquer de l’USB-C ou USB Type-C ; les laptops, eux, ont jusqu’à 2026 pour rentrer dans les clous. Objectif : moins de chargeurs qui traînent, moins de déchets, plus de simplicité. Les services de contrôle français (ANFR, DGE) distribuent déjà des coups de règle aux mauvais élèves.
Effet kiss-cool : la décision pousse les marques à fiabiliser la prise, à clarifier leurs notices et surtout à garantir le fameux 240 W quand c’est annoncé sur la boîte.
Et après ? Thunderbolt 5, USB ? n+1 … on divague
Pendant que le monde s’habitue à l’USB4 v2.0, Thunderbolt 5 pointe son bout de silicium : 80 Gb/s bidirectionnels, 120 Gb/s en Bandwidth Boost, puissance jusqu’à 240 W. Les premiers docks Sonnet Echo 13 et CalDigit Element balancent déjà quatre écrans 4K / 144 Hz sans broncher. Mais pour l’instant, seuls quelques cartes mères Intel Meteor Lake et rares laptops premium savent en tirer la quintessence.
Le facteur goulot : puces contrôleur et coût
Tout progrès sera limité par le prix des contrôleurs. Les puces retimers/clock-data-recovery nécessaires coûtent encore un rein – donc pas de TB5 sur les machines grand public avant fin 2025, début 2026, sauf miracle côté fabricants asiatiques.
Alors, plafond ou trampoline ?
Spoiler bis : trampoline. Oui, on flirte avec les frontières physiques du connecteur ; mais tant que la résistance des contacts reste maîtrisée, tant qu’on peut doubler les lignes différentielles sur les câbles actifs, il reste de la marge. Les pads de soudure sur la carte mère, eux, tiendront encore quelques générations avant de devenir l’élément limitant (coucou ingénieurs PCB).
Ajoutons que l’industrie photo-vidéo milite déjà pour 160 Gb/s afin de véhiculer deux flux 8K/120 Hz sans compression visuelle. Rien d’impossible : on compressera peut-être l’encodeur dans le câble actif, comme certains adaptateurs DP -> HDMI 2.1 le font déjà.
FAQ express pour briller en soirée
→ Tous les câbles USB-C délivrent-ils 240 W ?
Non. Cherche la mention « EPR 240 W » ou l’icône « 240 W ». Sinon, c’est du 60 W ou 100 W max.
→ Un câble Thunderbolt 4 suffit-il à l’USB4 v2 ?
S’il est passif de 0,8 m : oui, tu restes à 80 Gb/s. Au-delà, câble actif obligatoire pour garantir l’intégrité des signaux.
→ Pourquoi mon dock USB-C 40 Gb/s plafonne à 32 Gb/s ?
Parce que le M1/M2/M3 d’Apple bride le bus PCIe interne. Pas la faute du câble, ni du dock.
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Verdict du Geek :
L’USB Type-C n’a pas épuisé son potentiel et il est encore loin d’atteindre ses limites. Certes, on titille les lois de la physique : plus de watts → plus de chaleur ; plus de Gb/s → câbles plus courts. Mais l’écosystème compense avec des câbles actifs, des retimers balaises, des puces GaN pour la charge, et une réglementation européenne qui pousse dans le bon sens. Dans deux ans, on parlera sans doute d’USB5 (appelons-le ainsi) marié à Thunderbolt 5, roi du 120 Gb/s.
Bref : la star USB-C n’a pas fini son show. Elle change juste de costume, un peu plus cher, un peu plus brillant – et nous, technophiles, on applaudit en espérant qu’elle ne perde pas sa vis de costume en plein numéro.